Page:Prod’homme - Richard Wagner et la France, 1921.djvu/72

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
60
richard wagner et la france

quera cette aptitude de l’Allemand à s’assimiler ce qui lui manque :


Le mouvement allemand est l’andante… De cette allure modérée, avec le temps, l’Allemand arrive à tout et parvient à s’approprier ce qui est le plus éloigné de lui[1].


Appréciation très juste et très actuelle encore.

Mais voici qui est plus grave : c’est une citation que Wagner, au début d’Art allemand, emprunte aux Recherches sur l’Équilibre européen, de Constantin Frantz, le même à qui il faisait hommage, vers le même temps, de la seconde édition d’Opéra et Drame.


De tous les pays continentaux, dit Frantz, il n’y a que l’Allemagne qui possède les dispositions et la force d’esprit et de cœur capables de faire prévaloir une culture plus noble, contre laquelle la civilisation française ne puisse rien. Ce serait là la véritable propagande allemande, et une contribution essentielle au rétablissement de l’équilibre européen.


En reproduisant cette déclaration que tout pangermaniste contresignerait, Wagner en approuvait les termes, et sa brochure peut être considérée comme un développement de ce thème nouveau chez lui.

Aussi bien, après ses multiples tentatives, faites depuis vingt ans, à Dresde, d’abord, avant 1849, puis à Zurich, à Paris ou à Vienne, n’espérait-il plus réaliser ses projets d’art national que dans une Allemagne unie et forte, que la Révolution n’avait pu constituer, mais que la Prusse commençait à grouper sous son

  1. VIII, 165.