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richard wagner et la france

guère de sujets d’édification musicale, en dehors de la salle du Conservatoire.


La seule chose que Paris renferme, digne de l’attention d’un musicien, écrit-il dans l’Esquisse autobiographique de 1842, ce sont les concerts de l’orchestre du Conservatoire. Les exécutions des compositions instrumentales allemandes dans ces concerts ont fait sur moi une impression profonde et mont initié à nouveau aux merveilleux secrets de l’art véritable. Celui qui veut connaître à fond la neuvième symphonie de Beethoven, doit l’entendre exécuter par l’orchestre du Conservatoire de Paris[1].


Les théâtres lyriques, en effet, le désillusionnèrent au point de vue musical.


À l’Opéra, la mise en scène et les décors sont pour moi, soit dit franchement, les meilleures choses de toute l’Académie royale de musique. L’Opéra-Comique aurait été, de beaucoup, mieux en état de me satisfaire ; il possède les meilleurs talents, et ses représentations offrent un ensemble, une originalité, que nous, Allemands, ne connaissons pas. Ce qu’on écrit aujourd’hui pour ce théâtre appartient au genre le plus détestable qui ait jamais été produit aux époques de la décadence de l’art.


Avec la Neuvième Symphonie, dirigée par Habeneck (il en reparlera avec admiration, longtemps plus tard, dans l’Art de diriger l’orchestre), avec la Symphonie funèbre et triomphale de Berlioz, qui vivra « tant qu’il existera une nation portant le nom de France », la Muette de Portici, seule, enthousiasme le jeune kapellmeister allemand ; et cela pour

  1. I, p. 27.