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passé, on se reprit bien vite à discuter, dans les journaux d’abord — les seuls imprimés qui eussent survécu à la catastrophe — d’autres questions, d’intérêt moins matériel et moins immédiat.

Les philosophes de la presse quotidienne — ceux du moins qui n’étaient pas mobilisés — commencèrent à discuter sur les causes profondes du phénomène qui venait d’ébranler le vieux monde. Certains le firent avec une outrance, voire avec une mauvaise foi telles, qu’il fallut bien, avec timidité d’abord, puis avec une assurance croissante, violer un tantinet, dans la République des Lettres, le principe encore jeune de l’  « union sacrée », pour leur répondre.

Des esprits impartiaux rappelèrent à la raison et à la vérité historique ceux qui déniaient en bloc toute valeur au passé intellectuel, scientifique ou artistique austro-allemand. Et c’est ainsi que, dès le mois de septembre 1914, on se mit à parler musique. Aussitôt, le nom de Wagner fut jeté dans le débat.

Un journal à fort tirage qui, jadis, s’honora de la collaboration d’un Mendès et d’un Bauer, wagnériens de la première heure, se distingua particulièrement par ses attaques virulentes, — non pas tant contre la musique austro-allemande en général, ce qui eût été absurde, bien qu’excusable dans une feuille d’un nationalisme exaspéré, — que contre Wagner et son œuvre, que d’aucuns accusent, somme toute, d’avoir eu trop de succès, pendant quelque vingt ans, à l’Opéra. En l’absence de son critique musical[1] — dont les jugements sont toujours animés d’un respect éclairé pour tous les maîtres de la musique — l’Écho

  1. M. Adolphe Boscbot, alors commandant d’infanterie.