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le wagnérisme en france avant la guerre

maîtresse qui tient une si grande place, actuellement, sur tous les théâtres lyriques en Europe et même au delà de l’Océan. »

Illusion généreuse, à laquelle les faits allaient bientôt donner un éclatant démenti.

Quelques jours plus tard, la Question Lohengrin renaissait, mais cette fois bien plus violemment, bien plus âprement discutée, car on savait Lamoureux capable d’aller jusqu’au bout, dédaigneux de l’hostilité entretenue dans le public par un petit nombre de journaux à scandale. La Revanche se fit particulièrement remarquer dans cette lutte peu courtoise, en flattant les passions du moment.

Avec la Revanche (26 mars), la France à laquelle collaborait de temps en temps M. Saint-Saëns, se mettait, le 29, à la tête de l’opposition. Le lendemain, la Lanterne se montrait plus hostile encore : Lamoureux, disait-elle, est « un industriel habile… il y a, hélas ! à Paris, assez de financiers allemands pour remplir sa salle ». Et le Gaulois, les jours suivants, publiait les résultats d’une enquête faite auprès des principaux compositeurs français, enquête à laquelle il nous faut faire quelques emprunts, car elle montre l’état d’esprit des maîtres de l’école française à cette époque.

« Monsieur Meyer, disait Charles Gounod, plus je pense à ce que vous êtes venu me demander hier, plus j’aperçois de raisons et de convenances de m’en abstenir. Voyez donc : « On va jouer une œuvre de « Wagner à Paris, sur une scène française ».

« Cela seul dit tout. Le public va se prononcer, et je trouve qu’il n’appartient à personne de précéder, de prévenir et de vouloir orienter la Vox Populi : la