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richard wagner et la france

Bourget, Albert Bataille, Julien Tiersot, Francis Thomé, Camille Saint-Saëns, Fuchs, Victor Wilder ; hostiles ou enthousiastes, leurs comptes rendus entretenaient l’attention du public français en faveur de l’œuvre de Bayreuth. En octobre, le Figaro annonça qu’un traité avait été signé entre M. von Gross, représentant de la famille Wagner, et Lamoureux ; Lohengrin serait représenté dix fois à l’Eden-Théâtre, du 15 avril au 1er juin 1887 ; les répétitions commenceraient en janvier avec 80 choristes et 90 instrumentistes.

La première annonce officielle en fut faite dans le petit « Bulletin des Concerts Lamoureux », le 20 mars.

Dans le premier numéro d’une vaillante petite revue musicale, l’Indépendance musicale et dramatique, qui ne parut qu’une année, M. Adolphe Jullien pouvait écrire dès le 1er mars :

« Cette fois, c’est bien décidé. La partie est sérieusement engagée, et, avant deux mois, le public français pourra connaître un chef-d’œuvre que tous les autres pays admirent et applaudissent depuis nombre d’années, un chef-d’œuvre après lequel il aspirait en vain, et que les fabricants brevetés d’opéras français, jaloux du génie et conscients de leur médiocrité, parvenaient toujours à écarter de nous.

« Cette fois, tous les moyens d’opposition paraissent épuisés. Le théâtre où va se jouer Lohengrin est absolument libre et le directeur ne reçoit aucun subside gouvernemental ; les compositeurs français ne pourront donc plus provoquer la charité publique avec de grands hélas, ni crier qu’on leur arrache le pain de la bouche en donnant asile à la création