Page:Prod’homme - Richard Wagner et la France, 1921.djvu/19

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
7
le wagnérisme en france avant la guerre

participer aux représentations, l’entreprise de M. Neumann ne put avoir de suite.

Cependant, un premier journal franchement wagnérien était né, après la mort de la vieille Gazette de Schlesinger : la Renaissance musicale, où M. Edmond Hippeau combattait le bon combat pour Wagner et Berlioz, ces deux frères ennemis que de soi-disant patriotes s’acharnaient maintenant à opposer l’un à l’autre, après les avoir également dédaignés.

L’incident fut clos par une lettre de Wagner, écrivant à M. Édouard Dujardin, le 17 mai : « Non seulement je ne désire pas que Lohengrin soit représenté à Paris, mais je souhaite vivement qu’il ne le soit pas et pour les raisons suivantes : d’abord, Lohengrin ayant fait son chemin dans le monde, n’en a pas besoin. Ensuite, il est impossible de le traduire et de le faire chanter en français, de manière à donner une idée de ce qu’il est. En ce qui concerne une représentation en allemand, je conçois que les Parisiens n’en aient pas envie[1]. »

Quinze jours plus tard, dans le Journal des Débats, E. Reyer exprimait l’opinion que nous étions « mûrs pour cette œuvre » et se prononçait, malgré l’avis du maître, en faveur d’une traduction.

La première bataille sérieuse autour de Lohengrin était terminée. Elle devait bientôt recommencer. Mais, auparavant, bien des événements importants

  1. Lettre reproduite par M. Camille Benoit, dans son volume intitulé : Souvenirs de Wagner.