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richard wagner et la france

« de lire dans l’avenir ». Mais s’il ne voulut pas prédire l’avenir, M. d’indy, nous l’avons vu, prit courageusement la parole, et non seulement la plume, pour la défense de Wagner ; et dernièrement encore, il s’est attaqué une fois de plus à la « ridicule légende, qui ne tient pas debout et n’a d’autre fondement que l’allégation mensongère de quelques intéressés, désireux d’écarter la Walkyrie et Parsifal de leur chemin[1] ».

La paix signée, les plus fougueux se sont calmés, et les écrivains musicaux qui, non sans courage, avaient dès le début, traité dans la presse la question Wagner, avec calme et impartialité (on en compte bien une demi-douzaine parmi lesquels : MM. Vincent d’Indy, Paul Souday, Adolphe Jullien, Georges Pioch, Jean Marnold) virent peu à peu se rallier à leur opinion les plus farouches anti-wagnériens de l’arrière.

Au concert, la question a été vite résolue. Mais au théâtre, Wagner est encore en interdit. Pour quelles raisons ? Par suite de quelles combinaisons de boutique ou de politique, où la musique et l’art n’ont certainement rien à voir ? Ces atermoiements risquent pour le moins de préparer un nouveau triomphe, aussi inutile qu’exagéré, à des œuvres de répertoire, archiclassées, archi-classiques, auxquelles on va donner ainsi un regain de jeunesse. Tant pis pour ceux qui en subiront le voisinage trop éclatant !

Les mesures de protectionnisme étroit, d’ostracisme mesquin prises depuis six ans auront, comme il y a trente ans, pour premier effet de causer le plus grand tort à nos compositeurs modernes, ceux-ci, une

  1. L’Eclair du 25 mai 1920.