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se traduira peu à peu, par des effets successifs, par des exemples isolés, jusqu’à ce qu’elle se manifeste comme un grand fait accompli. Certainement, Paris aura toujours un avantage, par les ressources de toute nature qu’il offrira : sans doute, les études générales trouveront seulement dans ses collections et ses bibliothèques, les documents ou les témoignages dont elles ont besoin : mais combien de travaux ont leur place naturelle et leur succès marqué dans la province ! Où peut-on mieux raconter une histoire, poindre une époque, faire revivre un monument, parler d’un chef-d’œuvre, que sur les lieux-mêmes où la vérité est prise sur le fait, avec les caractères qui la constituent, avec la physionomie qui lui est propre ?

Depuis que l’on est d’accord pour ne pas se contenter d’à peu près, pour aller au fond même des choses, une voie s’ouvre naturellement devant l’activité intellectuelle de la province. C’est à elle de profiter de ses avantages, de les revendiquer très-haut, et de montrer qu’elle est capable d’en tirer parti. Les études d’art, les recherches archéologiques ont fait de grands progrès. Des monographies importantes ont été publiées, des fragments d’histoire ont surgi sur tous les points, et comme ils ont été écrits en général, en dehors de tout système préconçu, à l’abri de tout intérêt étroit de parti ou de passion, comme ils se composent de faits comparés et éclaircis, ils peuvent prendre leur place parmi les documents que les historiens consultent et qu’ils citent. Mais il n’est pas toujours donné à des hommes isolés de réunir tout ce qu’il faut, pour donner à ces travaux une utilité réelle, et une autorité imposante : des associations passagères ou des institutions fortement établies, permettent de joindre à l’activité individuelle ce caractère plus puissant qui résulte d’une communauté de vues et d’une concentration d’efforts.

C’est ce qui explique l’importance de certaines publications collectives ; c’est ce qui donne à l’Art en province une influence qui doit s’exercer sur un rayon assez étendu. Fondée en 1836, interrompue en 1851, reprise en 1857 par sa fusion avec la Revue