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dont les villes voisines durent se montrer jalouses. Charles V, en 1365, tient à rester fidèle aux intentions de son père. En 1368, Bouchard de Vendôme ; en 1437, Bernard d’Armagnac ; en 1459, Jacques d’Armagnac ; en 1499, Alain sire d’Albret, soit de leur propre mouvement, soit sous l’empire d’exigences que devait légitimer l’importance toujours croissante de la ville et université, tiennent à se montrer aussi bienveillants que leurs prédécesseurs. Enfin, en 1517 et 1519, date de l’annexion à la couronne, François 1er ; en 1547, Henri II ; en 1559, François II ; en 1591, Henri IV, qui avait eu plus d’une fois à se louer du zèle et du dévouement d’une ville où il comptait de si nombreux défenseurs de ses droits, veulent confirmer authentiquement des privilèges que la communauté un peu ombrageuse et toujours jalouse, craignait de voir s’affaiblir ou se perdre, au milieu des agitations civiles et des guerres religieuses.

Ce sont des témoignages dont il importe de conserver le souvenir. Ils permettent d’entrevoir, sinon de, déterminer exactement la part qui revient aux comtes et à la royauté. Peut-être ne serait-il pas inutile de remarquer un fait, qui, du reste, n’est pas particulier à Castres. Les seigneurs immédiats sont moins généreux : ils semblent craindre de voir s’augmenter outre mesure une puissance si rapprochée d’eux, et dont les empiétements peuvent se reproduire tous les jours. Les rois, au contraire, se montrent d’une bonne volonté qui forme un contraste assez frappant avec l’hésitation constante des seigneurs. Ils n’avaient rien à craindre des communes, et en favorisant le développement de leurs immunités, ils continuaient la tradition politique de la 3e race, s’assuraient des partisans zélés, et minaient une puissance dont il était de leur devoir et de leur intérêt de poursuivre l’affaiblissement. Les communes ne pouvaient que gagner à cette lutte. Jalouses de leurs droits, elles en défendaient l’exercice jusque dans les plus petits détails, et l’on s’étonnerait de la persistance avec laquelle elles réclamaient ou sollicitaient des libertés en apparence indifférentes ou même onéreuses, si l’on ne savait combien tout était étroitement lié dans cette organisation, où tous les pouvoirs sem-