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abondante et pure, sont nombreuses : il en est de graves dont la discussion montre la portée : il en est de fines et de piquantes, que l’allure libre et rapide du vers peut faire ressortir avec plus d’éclat, et présenter avec plus d’intérêt. C’est à celles-là que s’est arrêté M. A. Guibal. Les poètes ont toujours le droit de tout oser, et si on ne le leur reconnaissait pas, ils ne se l’arrogeraient pas moins. M. A. Guibal use de ce privilège. L’originalité de l’expression et du ton relève les détails les plus vulgaires et permet de ne rien négliger, parce que tout s’ennoblit et se diversifie sous une louche habile, et grâce à d’inépuisables ressources. La Société a suivi avec intérêt cet esprit fin et délicat se jouant au milieu des difficultés, et en triomphant par des rapprochements inattendus, des souvenirs heureusement rappelés, et rendus avec une vivacité et un entrain qui en augmentent le charme et en agrandissent la portée.


M. V. CANET appelle l’attention de la Société sur la démolition du dernier bastion des fortifications de Castres, au boulevard Miredanes.

M. A. Combes, dans un travail rempli d’intéressantes recherches, a suivi le développement successif de la ville de Castres. Simple monastère autour duquel viennent se grouper quelques artisans, pour participer aux bienfaits des Bénédictins, ou s’abriter sous la vénération qui les environne, Castres s’accroît rapidement ; il se fortifie, et sa position facilement accessible, l’oblige de ne négliger aucun des ouvrages qui peuvent le mettre à l’abri d’un coup de main. Ses fortifications sont plusieurs fois rasées, non pas à la suite d’un assaut et d’une prise par les armes, mais de dessein arrêté, et dans les intervalles des luttes. Au milieu des guerres religieuses du xvie siècle, les murs de Castres reçoivent des augmentations considérables ; puis ils sont démolis. En 1569, Gaches constate que le prince de Condé ordonna, comme représailles, de détruire toutes les églises de la ville, et de consacrer à la reconstruction et au développement des murs, les matériaux qui en proviendraient. Cet ordre fut exécuté. Le couvent et l’église