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Mais M. Batiffol a l’expérience de l’enseignement. Il sait qu’il ne faut négliger aucune occasion de jeter dans les esprits et dans les cœurs des connaissances nouvelles, ou des inspirations salutaires. Ses décades sont accompagnées de notes qui contiennent des variantes latines ou françaises, et qui renferment d’utiles et nombreuses observations. Une langue bien comprise représente d’une manière profonde et complète, le génie, les mœurs, les habitudes, la vie intellectuelle et morale du peuple qui la parle. C’est un miroir fidèle qui reproduit jusqu’aux plus fins contours, jusqu’aux plus légères nuances. Aussi, pour quiconque a suivi le développement de l’esprit dans cette étude que l’on trouve trop souvent ingrate et stérile, il résulte évidemment de ce travail qui semble borné au mot, la révélation progressive de ce qui constitue intimement un peuple. Cette révélation, l’élève la provoquerait rarement, en supposant qu’il pût y atteindre avec les ressources dont il dispose habituellement : le professeur ne peut pas la poursuivre, parce que son attention est divisée, et sa pensée appliquée ailleurs. Il est donc avantageux de fournir dans un cadre simple, sous une forme facilement accessible, quelque chose qui supplée à ces lacunes inévitables.

M. Batiffol fait ainsi passer sous les yeux tout ce qui regarde la religion, la politique, la vie publique, l’existence intime, et les usages Romains. Il trouve, dans les étymologies heureusement rappelées, et plus heureusement appliquées, les liens divers de la société Romaine, les rapports inévitables et l’influence positive des croyances ou des pratiques religieuses sur la législation, la discipline militaire, les actes des magistrats et ceux du citoyen. Ce ne sont sans doute que des éléments épars, et ils se présentent sans aucune liaison, car la nature du livre ne permet pas de suivre un ordre méthodique ; et cependant, il résulte, de tous ces enseignements donnés, de toutes ces indications fournies, de ces rapprochements qui se font d’eux-mêmes, un ensemble de connaissances qui embrassent l’état social tout entier d’un peuple si intéressant à étudier.

Il y a sans doute quelques détails qui tiennent à l’érudition et qui ne semblent pas d’une utilité immédiate pour des élèves. Mais