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mes fruits ; elles y trouveront le même intérêt, et se formeront ainsi une histoire qu’il est toujours heureux de voir se constituer d’éléments épars, pour porter de tout côté ses enseignements.

Sans doute il n’est pas donné à toutes les villes de produire des hommes supérieurs. Mais il n’y a pas une seule localité, quelque restreinte que soit son importance, quelque récente que soit sa constitution, qui n’ait des souvenirs à garder, des actes d’héroïsme modeste à mettre en lumière, des mémoires à glorifier. Si les grands hommes ne sont pas aussi nombreux que voudrait le faire croire un patriotisme local, trop souvent inintelligent et exagéré, ne rencontre-t-on pas toujours et partout, des existences consacrées par des talents réels quoique peu éclatants, des services rendus, des établissements fondés, des institutions créées, des vertus manifestées dans des circonstances exceptionnelles, ou dans une longue carrière ? Non, tout cela n’est pas aussi rare que le suppose le dédain stérile ou l’indifférence coupable de notre temps, pour tout ce qui ne frappe pas vivement les yeux. Sans doute, la gloire offre quelque chose de plus attrayant, et l’on est heureux d’avoir à signaler d’illustres capitaines, de grands politiques, d’éminents littérateurs, des industriels de génie, des artistes vraiment créateurs. Mais ne se sent-on pas doucement ému lorsqu’on peut étudier et glorifier des mérites plus modestes, des personnages qui ont laissé, par le souvenir de leurs vertus, une trace bénie, ou comme témoignage de leurs bienfaits, des créations utiles, ou comme preuve de leur affection pour la petite pairie, vers laquelle s’est toujours tourné leur cœur, des améliorations de toute sorte, réalisées par des actes personnels et par des œuvres qui ont continué leur influence après qu’ils ont eux-mêmes disparu ?

C’est ce qu’a fait pour la ville de Clermont-l’Hérault M. l’abbé A. Durand. Il a écrit, dans un ordre chronologique, depuis 1470 jusqu’à nos jours, la vie de tous ceux que leur naissance, des rapports fréquents ou un long séjour rattachaient à cette ville, et dont les actes lui ont paru se lier intimement à son histoire. Cette publication sera véritablement le Livre d’Or de Clermont.