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On est toujours heureux d’avoir à signaler des publications entreprises sous l’inspiration d’une haute pensée et d’un sentiment généreux, parce qu’elles sont à la fois un bon exemple et un salutaire encouragement. Si les liens qui rattachent les hommes entre eux, et qui les rapprochent du lieu où se sont passées leurs premières années, semblent de nos jours se relâcher, s’ils paraissent même entièrement rompus, il est utile de concourir, par tous les moyens, à les multiplier, à les réunir et à les resserrer.

Faire connaître son pays, c’est un sûr moyen de le faire aimer. Plus on aime cette petite patrie où les yeux se sont, pour la première fois, ouverts à la lumière ; où se sont écoulés les premiers jours de l’existence, où l’on a éprouvé ces joies et ces douleurs dont se compose la vie, plus on se montre jaloux de sa gloire dans le passé, de sa prospérité dans le présent, et de son bonheur dans l’avenir : plus l’âme s’ouvre à ces douces émotions que l’on éprouve toujours en entendant parler de ce qui réveille tant de souvenirs. Il semble donc que l’on doive accueillir avec joie et saluer comme les bienvenues, toutes les œuvres qui ont pour but de mettre en relief les hommes et les choses que le temps, ou l’indifférence plus cruelle encore, risquait de faire disparaître pour toujours.

À ce seul point de vue, la biographie publiée par M. A. Durand aurait droit à l’attention et à la reconnaissance de tous ceux qui croient que l’on ne doit rien négliger pour élever les esprits et jeter dans le cœur de salutaires inspirations. On ne saurait d’ailleurs méconnaître tout ce que l’histoire générale doit à ces travaux particuliers qui semblent n’intéresser qu’une localité, et ne regarder qu’un homme, et qui pourtant par eux-mêmes, ou par les horizons qu’ils ouvrent, éclairent tant de points obscurs et expliquent tant de faits mal interprétés ou incomplètement connus. Nous ne pouvons pas oublier tout ce que la ville de Castres et les environs ont trouvé d’utile dans la Biographie de M. Nayral, et nous aimons à rappeler qu’il fut des premiers à donner l’exemple des études locales sous cette forme et avec ce caractère, Les autres villes retireront des publications de ce genre les mê-