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M. V. CANET rend compte de la collection de la Chronique de la Bigorre, adressée à la Société par M. Charles Dupouey, avocat à Tarbes, l’un des secrétaires de la Société académique des Hautes-Pyrénées.

La Chronique de la Bigorre a vécu un an. Les hommes qui l’avaient fondée avaient voulu en faire un journal exclusivement local. Elle a conservé jusqu’au bout ce caractère qui aurait dû assurer son existence et développer son action. Si l’œuvre n’a pas réussi, elle laisse du moins après elle le souvenir de généreux efforts. Il y a plus : elle laisse un exemple. Sur la proposition et par les soins de M. C. Dupouey, la Chronique de la Bigorre avait commencé la publication de documents historiques inédits, concernant toute la contrée qui environne Tarbes. Cette publication était une très-heureuse pensée, et il est regrettable, pour l’histoire du pays, qui aurait été ainsi préparée et rendue facile, qu’elle ne se soit pas continuée. On ne peut se lasser de le répéter. Tous les jours, des documents nombreux et importants disparaissent encore, parce qu’on n’en connaît pas le prix. Leur destruction n’est pas toujours due à la négligence. Combien de fois n’a-t-on pas vu rejeter comme inutiles certaines pièces qui, au premier abord, ne présentaient aucun intérêt ? Et cependant, ces mêmes pièces étudiées avec soin, fournissaient une indication qui contrôlait un fait, rétablissait une date, révélait un homme, ou donnait à un événement sa véritable signification.

Il est évident que tout ce qui nous vient du passé n’a pas la même importance. Bien des choses doivent être laissées dans l’ombre, parce qu’elles n’apprennent rien. Mais une publication faite après une révision sévère, avec un choix judicieux, dans un ordre méthodique, serait un véritable bienfait. Un journal semble même sous ce rapport infiniment préférable à des bulletins de Société. Le journal est l’unique lecture du plus grand nombre, dans une époque où non seulement les gros livres, mais les livres un peu sérieux font peur. Si, par le journal, on peut faire connaître à un grand nombre de personnes ce qu’elles risqueraient, d’ignorer toujours, si l’on peut conserver des pièces qu’un acci-