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chés leur étaient offerts, la fabrication, en s’étendant, apporterait dans les familles un peu plus d’aisance. Ces occupations sont facilement accessibles aux membres trop souvent inutiles. Leur travail, quelque minime que soit d’ailleurs la rémunération, serait un lien qui les rattacherait au sol natal.

Ces remèdes tiennent, pour ainsi dire, à la contrée elle-même : il en est un autre dont le gouvernement dispose et qui, le jour où il pourra être appliqué, assurera, pendant de longues années, le bien-être des populations les moins favorisées de la montagne. C’est l’exécution de grands travaux d’utilité publique, et particulièrement d’un chemin de fer, depuis trop longtemps et trop instamment sollicité, pour qu’il ne soit pas le vœu et l’espérance de tous. On sait tout ce que peuvent de semblables créations, pour le développement de la richesse publique. Autrefois, lorsqu’on voulait créer ou rétablir la prospérité dans une province, on creusait des canaux, on rendait les fleuves navigables, on abaissait les barrières, on supprimait les obstacles qui s’opposaient aux échanges de l’industrie et à la libre circulation des produits agricoles. Aujourd’hui, les chemins de fer sont devenus l’instrument le plus puissant des transformations économiques : ils excitent la production, ils multiplient les échanges, ils donnent un prix réel à des objets dédaignés ou méconnus. D’un autre côté, la construction elle-même, semble la transition facile et inévitable pour l’augmentation des salaires. Leur insuffisance est reconnue aujourd’hui : cependant l’agriculture ne peut pas faire de plus grands sacrifices, et l’industrie elle-même a besoin de toutes ses ressources. Si la construction d’un chemin de fer devenait favorable à l’ouvrier, en fournissant l’occasion d’augmenter dans une juste mesure son salaire, l’exploitation aurait bien vite créé pour le propriétaire, le progrès dans le revenu, qui peut établir un équilibre satisfaisant pour tous les intérêts. L’industriel serait entraîné dans la même voie, et il jouirait des mêmes avantages. Le résultat obtenu se maintiendrait, car les salaires, sans conserver le niveau auquel les aurait fait arriver une surexcitation momentanée, s’arrêteraient dans une proportion qui les éloignerait