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M. DE GRIMALDI, sous-préfet de Castres, lit un mémoire sur les causes de la dépopulation des campagnes, aux environs de Castres, et sur les moyens d’y remédier.

C’est avec raison que les économistes se préoccupent depuis plusieurs années de deux faits : d’une tendance marquée à un décroissement dans la population, et des émigrations nombreuses qui risquent de détruire l’équilibre, en dépeuplant les campagnes, et en jetant dans les villes des familles qui ne sont pas assurées d’y trouver leur subsistance.

Le décroissement de la population est-il réel ? La question est fort controversée, et les économistes sont arrivés sous ce rapport à des conséquences directement contraires. Il semble que lorsqu’on appuie ses opinions sur des chiffres, le doute ne puisse pas être permis ; mais il y a tant de manières de les classer, de les combiner, de les confondre, que toutes ces ressources ne laissent pas toujours à la vérité le moyen de se produire. Aussi discutera-t-on longtemps avant d’avoir obtenu une solution. Cependant l’attention portée sur cette question peut avoir des conséquences heureuses. La connaissance de la cause du mal n’est-elle pas la première condition, pour le choix et l’application du remède ?

S’il y a dans la société une espèce de trouble, si la population diminue sur certains points, pour prendre ailleurs un accroissement démesuré, si elle ne paraît plus attachée aux lieux où vivaient ceux qui l’ont précédée, si elle se déplace avec une facilité déplorable, il y a des causes qu’il pourrait être intéressant et utile d’étudier. Pour le décroissement dans la population, en le considérant dans son principe même, on touche aux questions les plus vives, et aux faits les plus intimes de la vie morale. Cette étude ne peut pas être liée à d’autres : elle a besoin d’être envisagée seule, pour être bien comprise : elle réclame une place à part, comme tous les grands faits sociaux dont les conséquences se prolongent pour le progrès, l’immobilité ou la décadence de la société. Cependant, sans envisager la question à ce point de