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qu’elle présente tout d’abord ; mais il y aurait dans l’emploi de ces matières d’assez importants avantages, pour que l’on dût chercher à surmonter ces difficultés. Un pareil engrais a une grande puissance, sous un petit volume. Les résultats obtenus seraient certainement considérables, et une véritable richesse ne resterait pas improductive dans le voisinage de terres qui leur devraient un accroissement précieux de fertilité.


M. Léonce ROUX communique à la Société une note sur la durée de l’incubation chez la tortue mauresque.

L’expérience faite par M. Roux est intéressante à deux points de vue différents : d’abord comme preuve de fécondation rarement observée dans nos contrées, ensuite, comme exemple de la longue durée de l’incubation naturelle chez les reptiles chéloniens. Ainsi, des œufs pondus vraisemblablement dans la première quinzaine de mai, trouvés le 14 juin, n’étaient pas éclos à la fin d’octobre.

« Les tortues femelles, dit Lacépède, s’accouplent quoiqu’elles n’aient pas acquis la moitié de leur grandeur ordinaire ; mais les mâles ont acquis presque tout leur développement, lorsqu’ils s’unissent à leurs femelles. » Le fait est faux, du moins en partie. La femelle qui a pondu les œufs sujets de cette observation, a bien à peu près la moitié de sa taille ; tandis que la tortue qui a fécondé les œufs était encore fort petite. Ce même naturaliste qui confond évidemment sous le nom de tortue grecque deux espèces bien distinctes, la tortue grecque et la tortue mauresque, a commis une autre erreur, lorsqu’il a dit qu’elle ne pond que quatre ou cinq œufs. Ceux qui ont été trouvés étaient au nombre de quatorze ou de quinze. Un tiers environ de ces œufs a été clair.

Un de ces œufs ouvert avec soin, présenta un embryon déjà formé et très reconnaissable. Les yeux fort grands, formaient à eux seuls, presque toute la tête, fort grosse elle-même. Le corps avait sa forme caractéristique ; mais les divisions de la carapace n’étaient pas encore formées : les quatre membres étaient distincts : mais tout était tellement gélatineux qu’il fut impossible de rien conserver. Ainsi, les œufs étaient fécondés, et l’embryon avait supporté sans périr, les pluies glaciales des derniers jours de mai.