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fournie par le duc d’Anjou aux communautés du comté de Castres, pour l’année qui a précédé la révision des feux ; la somme est de 20,000 livres, à raison de 2,000 feux. L’autre constate qu’en dehors de l’impôt ordinaire, le roi prélevait parfois des sommes considérables sur les habitants : c’est une lettre du roi Philippe, datée de Paris 1er juin 1334, dans laquelle il ordonne à tous officiers, députés dans le royaume pour lever les subsides destinés à fournir l’apanage de ses enfants, de ne rien exiger des hommes et sujets demeurant sous la haute et basse justice de son aimée Éléonore de Montfort ; il oblige même de rendre tout ce qui pouvait avoir été déjà perçu. Il paraît que ce subside était fixé à 20 livres par feu, et absorbait par conséquent le revenu de deux années. — On peut facilement comprendre la joie que les habitants du comté durent éprouver en se voyant exemptés d’une charge aussi lourde.

C’était au reste l’époque où la perception des tailles était poussée jusqu’aux dernières limites ; et ce que le roi n’exigeait pas, le seigneur manquait rarement de le percevoir ; on n’a qu’à lire pour s’en convaincre, les lettres de lieutenance données par Jeanne de Ponthieu à Philippe Manissart, en 1363, par Catherine de Vendosme à son fils, en 1398 : elles portent l’une et l’autre pouvoir d’imposer tailles, aides et subsides, aussi nombreux et aussi forts que la nécessité pourrait le commander.

Enfin le Livre Vert mentionne comme appartenant aux communautés du comté un droit qu’on ne saurait passer sous silence : c’est celui de se réunir par leurs consuls ou délégués, pour délibérer sur toutes les questions d’intérêt commun, et, pour l’exécution des décisions prises, imposer les taxes nécessaires.

Ce droit concédé par Jean de Bourbon en 1377, établissait à vrai dire dans le comté un espèce de conseil général, dont les pouvoirs avaient avec ceux des assemblées départementales de nos jours, une analogie frappante. Il répondait du reste à un besoin qui s’était manifesté à l’occasion des guerres soutenues con-