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de ce pays ; mais en 1376, et pendant que la terre de Castres formait une seigneurie distincte, il n’en était pas ainsi.

On peut s’en rendre compte. Jeannes et Rayssac dépendaient de la vicomté de Paulin. Sénégas, Vabre, Lacaze formaient une seigneurie particulière, désignée sous le nom de Sénégadas et possédée en 1300, par la famille de Lévis, comme le prouve un arrêt du parlement de Paris de 1299, portant que cette terre de Sénégas relève directement du roi, contrairement à la prétention de Philippe de Lévis qui soutenait la tenir de Dieu seulement, selon l’usage et coutume d’Albigeois. Ambres formait une baronnie dont les seigneurs figurent dans l’histoire avec un certain éclat. Enfin Réalmont était, depuis son origine, une ville royale, comme son nom l’indique.

Voici du reste à quelle occasion cette énumération de lieux se trouve mentionnée. Grands et petits, tous les fiefs étaient soumis en faveur du roi, à un impôt fixé au dixième du revenu. La guerre, la disette, la peste avaient à la fois désolé le pays : le revenu que les habitants retiraient de leurs terres se trouva réduit dans une proportion considérable. De là, de nombreuses réclamations sur la quotité des taxes royales : à la suite de ces réclamations, une ordonnance fut rendue par le duc d’Anjou, gouverneur du Languedoc, pour enjoindre aux officiers déjà nommés, de se rendre dans le comté de Castres et de fixer le revenu de ses habitants.

Cette vérification contradictoire prouva que le revenu avait été réduit de 20,000 livres tournois à 8,690, et comme il était alors d’usage de désigner par le mot feu, un ensemble d’immeubles produisant dix livres tournois de revenu, et formant l’unité imposable, l’acte mentionné constate, qu’au lieu de contribuer aux taxes royales à raison de 2,000 feux, le comté de Castres ne devait compter que pour 869 feux.

Deux autres documents transcrits dans le Livre Vert s’occupent aussi des taxes royales : l’un est une quittance datée de 1376,