Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 3, 1860.djvu/108

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 108 —

avaient porté le désordre partout. Les parlements passionnés dans un sens ou dans un autre, avaient cessé d’être justes, et l’audace ou l’intrigue s’en applaudissait. Il fallait donc, non seulement choisir des hommes capables de rester fidèles à leur devoir, malgré les préventions, mais encore faire comprendre aux populations que la justice avait des interprètes intègres, fermes et vigoureux.

Le 28 avril 1595, la cour souveraine tint sa première séance. Elle avait auparavant entendu la messe qui n’avait pas été célébrée publiquement à Castres depuis la prise de la ville, le 23 août 1574. Elle décida que l’Hôpital Notre-Dame servirait de lieu à ses audiences, et qu’elle en paierait le loyer aux pauvres, indépendamment des aumônes qu’elle leur ferait distribuer sur le produit des amendes.

La chambre comptait pour les catholiques : un président, six conseillers, un procureur général, deux greffiers, deux huissiers, neuf procureurs ; pour les protestants : un président, huit conseillers, un avocat général, un chancelier, deux huissiers, neuf procureurs.

La chambre de l’Édit fit pénétrer à Castres des noms nouveaux. Elle s’était recrutée dans les débris de celle de Lisle ou dans le parlement qui siégeait à Béziers. C’était donc un élément étranger au pays, mais par cela même propre à affaiblir les divisions, à éloigner les mal-entendus, à ramener une unité désirable pour tous les partis. Une cour de justice qui admettait à siéger dans la même enceinte deux partis qui s’étaient longtemps déchirés, devait faire prévaloir la concorde, et rendre moins fréquentes les causes de trouble et d’agitation. C’était un rôle de pacification que la chambre d’Édit remplissait à Castres, et elle accomplissait ainsi les vues du grand roi qui, après avoir eu la gloire de conquérir son trône, voulut, par de sages mesures, par une intelligente économie, par une connaissance profonde des vues et des aspirations du moment, préparer une ère de paix, d’éclat et de prospérité.