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dominateur, ou une influence bienfaisante ; enfin quelles institutions naquirent des opinions et des sentiments qu’ils firent prévaloir.

La chambre de l’Édit a eu pour Castres un triple résultat : elle a fait passer dans les mœurs le respect pour la liberté de conscience ; elle a servi de point de ralliement aux sommités sociales, et favorisé l’action de Richelieu ramenant tout à l’unité ; elle a rétabli le calme dans les esprits, en rapprochant tous ceux qu’inspiraient des sentiments honorables et le dévouement patriotique.

À peine monté sur le trône, Henri IV songea à rétablir la chambre mi-partie de Languedoc, et il chercha un lieu où elle pût siéger sans danger. Lisle en Albigeois qui l’avait possédée quelque temps, ne paraissait pas offrir assez de garanties. Le 1er  décembre 1594, Philippe du Fresne de Canaye, désigné comme président calviniste, vint à Castres, avec la mission de reconnaître l’état des esprits. Il repartit bientôt pour Montpellier où il devait trouver le duc de Montmorency. Gaches raconte que M. de Bellièvre et M. de Fossé, évêque de Castres étaient auprès du duc. Diverses villes furent proposées, mais M. de Fossé insista pour Castres qui fut accepté. Le duc en donna avis à M. le président de la Bourgade qui tenait le parlement à Béziers. Il n’y eut aucune opposition de sa part. Mais ce fut plus difficile à Castres. L’évêque écrivit, aux officiers et aux consuls. L’hôtel-de-ville craignit pour ses libertés, le consistoire déclara que ce serait ouvrir la porte au libertinage et renverser la discipline. Pour des motifs pareils, la chambre mi-partie avait été déjà refusée deux fois. Le conseil général de la commune décida qu’il fallait accepter. Le président de la Bourgade arriva le 3 avril 1595, à Castres accompagné des conseillers catholiques, et le président du Fresne le 16, avec les conseillers protestants.

Il était difficile de bien composer une chambre appelée à exercer une pacifique influence. Les troubles religieux et politiques