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autour d’une seconde cour, les cuisines, le garde-meuble, les écuries, les remises, etc. Des deux côtés du vestibule, aboutissaient les salles de réception, les chambres d’apparat ou les cabinets d’étude.

Tout cela était admirablement meublé et garni d’ouvrages d’art, parmi lesquels on citait plusieurs tentures des Gobelins, une belle table de marbre et des tableaux, dont deux de Van-Dick ; les autres étaient plus remarquables par les sujets que par l’exécution.

M. Combes termine ainsi :

« Il reste une dernière particularité à rappeler par rapport au palais épiscopal.

« En entrant dans la cour d’honneur, on aperçoit à droite, appuyée partie au mur intérieur, partie au vieux clocher, une petite maison n’ayant qu’une pièce, et garnie, au temps des évêques, d’un mobilier complet évalué, suivant les inventaires, à la somme de 75 livres 4 sols. Ce réduit était habité par le portier, concierge, suisse ou appariteur de Mgr l’évêque de Castres.

« Un de ces évêques, Mgr de Barral, venant de dire sa messe, fixa un jour son attention sur un étranger qu’il avait plusieurs fois remarqué à l’église, où il se montrait d’une piété exemplaire. L’ayant mandé, il apprit de lui qu’il était Suisse, que, né à Fribourg, il avait abjuré le protestantisme pour se faire catholique, que mal vu à cause de sa conversion, par ses anciens coréligionnaires, il exerçait le métier de colporteur, afin de passer dans son pays le moins de temps possible ; qu’à chaque voyage il y retrouvait moins de confiance, plus d’irritation, par suite plus de misère, tandis qu’il éprouvait un plus grand désir de persister dans sa foi nouvelle. Le prélat fut touché de cette position. Il offrit au pauvre Suisse de le garder auprès de lui. Il le nomma portier de son palais épiscopal. Il le maria peu de temps après ; et, le 2 octobre 1757,