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les émotions révolutionnaires bien autrement capables de compromettre la santé des enfants, que le sein d’une nourrice étrangère. Magloire Nayral dut à ces émotions une première maladie qui, empêchant le développement d’une partie de son corps, le voua de très-bonne heure aux travaux sédentaires.

Son éducation primaire fut suffisante. Il la reçut dans une de ces écoles à méthodes individuelles, où l’on apprenait pourtant à lire, à écrire, à compter, c’est-à-dire tout ce qu’il est nécessaire de savoir dans toutes les conditions, et ce qu’il sera un jour honteux d’ignorer, quelle que soit la position dans l’échelle sociale. À ces notions nécessaires s’ajoutaient alors quelques connaissances qu’on pourrait appeler de luxe, et qui pourtant ont déterminé plus tard bien des vocations ; c’étaient les fables de Lafontaine ou de Florian, l’Épître à mon habit de Sedaine, le songe d’Athalie ou le récit de Théramène, toutes choses que les enfants s’appropriaient avec plaisir, qu’ils récitaient dans le cénacle de la famille, toujours sûrs d’y être applaudis, et dont le souvenir restait inaltérable en eux.

Tel fut le bagage littéraire avec lequel Magloire Nayral aborda le collège. Il entra d’abord dans une institution secondaire de Castres ; là il commença un cours de latin et de grammaire française, enseignés parallèlement par des maîtres séparés. Deux ans après, il fut envoyé comme élève à l’école de Sorèze. Cet établissement, célèbre autrefois, reprenait de jour en jour sa réputation européenne, à l’aide d’un admirable plan d’études, introduit par les Bénédictins, agrandi et perfectionné par les deux frères Ferlus.

Cinq ans suffirent à Magloire Nayral, pour y puiser une instruction à peu près complète, suivant la carrière à laquelle il se destinait. Ainsi il apprit la littérature française, le latin, l’italien, l’histoire, la tenue des livres de commerce et la musique ; et il apprit tout cela, non d’une manière superficielle, comme on l’a dit souvent par prévention contre les élèves de Sorèze, mais avec le talent d’écrire élé-