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Vous le voyez, Messieurs, il y a dans ces cinq pièces des mérites divers et une valeur réelle. Et pourtant, la commission a dû proposer à la Société de réserver le prix destiné à l’épître. Il lui a semblé que les œuvres poétiques, par cela même qu’elles sont un luxe, doivent être de tout point excellentes. La médiocrité dans leur ensemble ou dans quelques-unes de leurs parties, ne peut-être tolérée. La Société aurait craint, en récompensant des pièces, remarquables d’ailleurs, mais auxquelles on peut reprocher des inégalités, des faiblesses ou des inconséquences, de ne pas apprécier à sa juste valeur cette inspiration si merveilleuse dans son principe et si féconde dans ses résultats, qu’on appelle la poésie. Elle a voulu rendre hommage à l’expression la plus variée, la plus riche et la plus éclatante du cœur humain, en tenant très-haut le niveau que lui a servi le terme de comparaison pour ses jugements. Ceux des concurrents qui ont véritablement en eux ce qui constitue le poète, ne s’en plaindront pas.

Si ces œuvres ne sont pas tout ce qu’on était en droit d’attendre d’elles, en acceptant leur donnée première et la manière dont elles étaient comprises, la Société se plaît à signaler tout ce qu’elles renferment de bon. Elle aime à saluer ces poètes accourus à son appel, et si, par un sentiment qui sera compris, elle a cru ne pas avoir le droit de proclamer leurs noms, elle leur crie avec cette sympathie qu’inspire toujours un talent véritable : Courage ! Vous avez en vous l’étincelle divine. Conservez-la précieusement dans toute sa force et sa pureté. Retrempez votre cœur aux sources intarissables du beau et du vrai. Soyez fiers de ce culte de la poésie, et goûtez les douceurs qu’il donne, dans une époque où toutes les forces semblent suivre une autre voie et vouloir atteindre d’autres résultats. Les succès ne vous manqueront pas. Ils vous sont garantis par le respect qu’inspirent toujours les grandes créations de l’esprit, et par ce sentiment