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ces terrible luttes qui ensanglantent le monde et jettent sur le sol, mutilées et flétries, des moissons humaines : mais c’est un rêve. Tant que le mal régnera dans le monde, il faudra de grandes expiations. Pour que l’ordre se rétablisse, et que le châtiment ait sa portée réparatrice, il faut que les nations plient sous ces épreuves générales qui atteignent l’homme, la famille et la société. Les théories les plus séduisantes et les plus généreuses sont impuissantes contre cette inexorable nécessité ; et si l’on doit tenir compte des intentions qui les ont produites, on est forcé d’avouer qu’elles accusent une médiocre intelligence des lois qui dominent l’humanité.

Si la guerre est un mal, de combien d’actes héroïques, de combien de dévouements n’est-elle pas l’heureuse occasion ! C’est la pensée qui anime cette épître, et qui se développe avec chaleur dans les tableaux qu’elle renferme. Le soldat qui combat et meurt pour son pays est un héros : le prêtre qui le bénit avant la bataille, qui le cherche parmi les mourants, le console, le soutient, le fait grand par la résignation, a une vertu plus calme, mais un dévouement aussi sublime. La sœur de charité qui reste à son chevet, qui respire l’air infect que la contagion répand autour d’elle, qui, faible femme, trouve une force surhumaine dans sa foi et sa charité, ne donne-t-elle pas à ces horreurs devant lesquelles l’imagination recule épouvantée, une grandeur plus pure, un éclat tout divin ?

Voilà ce que la guerre apporte avec elle, comme pour dédommager des souffrances qu’elle impose, et des horreurs qu’elle sème sous ses pas. C’est avec un accent passionné, sous l’empire d’une admiration profonde, que l’auteur nous présente successivement ces tableaux où les contrastes abondent, où la vérité est saisissante, et où des vers heureux, expression hardie d’une grande pensée ou d’un sentiment chaleureux, arrêtent l’attention, et laissent après eux cette émotion bienfaisante, le premier fruit et le plus doux, de tout ce qui est vrai, élevé, généreux et bon.