Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 2, 1858.djvu/343

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 343 —

rappelle Boileau. Il y a surtout dans le début, quelque chose de cette allure franche et mesurée, comme un reflet de cette inspiration contenue, de cette gravité moqueuse, de cet amour des petites choses, qui forment comme un côté, et le plus caractéristique peut-être, de l’austère figure du satirique irascible à l’idée du faux. Plusieurs vers sont des traits dont on sent la portée et dont on garde l’impression. Quelques-uns mettent en relief, d’une manière vive et énergique, des aperçus piquants ou des maximes d’une raison modérée. Un éclair, mais trop rapide de sensibilité, donne un charme nouveau à ces fines et spirituelles considérations. Pourquoi le sujet n’a-t-il pas pris, en conservant l’heureuse légèreté de la forme, une portée plus sérieuse ? La raison haute et forte ne repousse pas la grâce. Pourquoi, un esprit froidement et sceptiquement railleur semble-t-il se dégager de l’ensemble de la pièce ? Pourquoi surtout, quelques vers portent-ils l’empreinte de ces systèmes désolants qui chassent la foi, glacent la raison, isolent le cœur de l’homme et en font le jouet du hasard ou d’une aveugle fatalité ?

La seconde pièce porte pour épigraphe ces deux vers d’Ovide :

Nescio quà natale solum dulcedine cunctos
Ducit, et immemores non sinit esse suî.

Elle est intitulée : l’Auvergne et mon pays natal. On y sent la douce et salutaire inspiration de l’amour du pays. Elle est largement conçue, présente une série de tableaux différents par le sujet, le ton et la couleur, renferme des descriptions séduisantes par la grâce, ou frappantes par la vigueur et par l’éclat, et traduit en vers d’une facture facile, les aspects variés d’une nature aussi riche que grandiose.

Rien n’est oublié dans cette revue faite par une admiration patriotique. Tout ce qui peut mettre en relief le charme et la grandeur d’une contrée chérie, vient tour