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épîtres, pour leur demander si elles étaient le dernier mot des imaginations qui les avaient produites, ou si, avec des inégalités et des oublis, avec du désordre et du laisser-aller, elles n’étaient pas des espérances et des promesses. Elle a trouvé un charme véritable à cette étude. Sans doute, bien des sujets lui ont paru frivoles, peu étudiés, mal conçus, faiblement exprimés. Sans doute, la forme, cette forme trop dédaignée, parce qu’on ne se rend pas compte de la liaison étroite qui la rattache au fond, s’est montrée à elle bien des fois inégale, incorrecte, désordonnée : elle a trouvé des sujets sérieux traités avec une frivolité peu réfléchie, comme aussi, des données légères trop gravement, trop pesamment rendues. La proportion, la justesse, l’ensemble manquent le plus souvent. La pensée principale, le but définitif sont facilement perdus de vue. On trouve sur son passage un aperçu ingénieux, on s’y complaît et on l’épuise : on rencontre un trait, on le rend inoffensif à force de vouloir l’aiguiser. On se perd dans des abstractions, on s’égare dans des banalités. Ici l’effort est trop sensible ; ailleurs, la facilité désespérante. Le naturel, cette qualité précieuse qu’une étude profonde peut seule donner, et qui jaillit, non pas d’une inspiration rapide, mais d’un élan travaillé avec art, dirigé avec goût, se présente rarement environné de tous les caractères qui lui donnent son charme, et assurent à une œuvre une valeur durable.

Et puis, Messieurs, avons-nous toujours trouvé dans ces inspirations diverses, cette portée morale qui relève les sujets les plus légers, et les rend dignes d’une attention sérieuse ? Il ne suffit pas de jeter de distance à distance quelques maximes, d’aspirer vaguement à une leçon ? Il faut que ces enseignements sortent du sujet, qu’ils se dégagent, non pas d’un effort de l’esprit, mais des profondeurs d’une âme qui sent sa dignité et qui comprend ses devoirs. Alors ils sont à leur place, alors ils ont ce caractère qui les rend respectables, et cette force qui les fait pénétrer profondément, et ne permet pas qu’on