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conséquence. Or, pour la langue sanscrite, elle est la dernière et la plus parfaite manifestation d’un esprit qui, ne pouvant pas atteindre aux grandes et irréprochables créations, se renferme dans la richesse et la pureté de la forme. Cette impuissance se manifeste même sous cette abondance d’œuvres que l’on a tant louées, et qui, à côté de la poésie, expression vivante de tous les temps et de tous les peuples, nous présentent, quoi qu’on en dise, de si regrettables spectacles.

Si l’on descend dans les détails, le sanscrit, ne peut pas avoir été la langue primitive, parce qu’en elle, le verbe est générateur du substantif. Il est certain qu’en prenant le développement naturel de l’esprit et du langage, on doit reconnaître que le substantif a nécessairement précédé le verbe. Il en est ainsi dans l’hébreu, œuvre des sens, et résultat des premières sensations de l’homme. C’est le contraire dans le sanscrit, œuvre de la science disposant des ressources de la méditation. Enfin, Dieu a conversé avec Moïse ; il a dû parler sa langue ; et cette langue, qui a servi à transmettre le récit de la création, avait dû servir également au premier homme ; ou bien Dieu aurait inutilement multiplié les créations.

Ne semble-t-il pas d’ailleurs que Moïse qui remonte à Abraham, choisi de Dieu pour être la tige d’un peuple à part, devait se rattacher par cette succession de famille, qui a une si grande importance dans les livres saints, à la race qui resta fidèle à Dieu au milieu de la corruption générale, et à qui, au sein de la confusion des langues, dût être confié le dépôt du langage primitif, comme gage des desseins de Dieu pour ses destinées futures ? C’est une simple induction : mais elle ne paraît pas manquer d’importance ni surtout de portée.

M. Azaïs entre ensuite dans des détails de linguistique qui sont l’application, et deviennent une vérification éclatante des principes posés. Ces preuves incontestables jointes aux indications ou aux arguments signalés, semblent