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parole. C’est d’abord une profession de foi. La parole est la manifestation de l’âme : Dieu la donne, l’homme la reçoit, l’enrichit et la perfectionne. Le sous-titre indique le but spécial de l’ouvrage qui complète l’Essai sur la formation et le développement du langage des hommes, publié quelques années auparavant. C’est la dernière œuvre, c’est le couronnement d’une vie laborieuse et utile. C’est le monument élevé à la défense de la vérité religieuse, par une haute intelligence qui n’a pas voulu quitter la vie, sans avoir réuni en faisceau des études patientes, concentrées sur un même sujet, et sans les avoir déposées comme un témoignage authentique et solennel de sa foi et de son dévouement à la vérité.

Il est fort à craindre que ce livre n’ait que le succès, restreint dans son étendue et son expression, qui accueille les œuvres d’érudition, dont l’utilité est le caractère spécial et le mérite essentiel. C’est un dictionnaire précédé d’observations rares, nettes positives, présentées avec une sobriété de détails et une austérité de formes qui risquent de lui enlever, pour les esprits superficiels, tout ce qu’il a de neuf et de piquant au fond. M. J. Azaïs part de ce principe : l’unité d’origine pour l’espèce humaine est aujourd’hui hors de doute, non pas seulement pour le chrétien qui a dû y croire avant que les découvertes et les travaux de la science ne fussent venus éclairer et confirmer sa foi, mais encore pour quiconque réfléchit, raisonne et veut ouvrir les yeux à la lumière. Si tous les hommes descendent d’un seul homme, toutes les langues dérivent d’une même langue. Cette langue est celle que Dieu transmit au premier homme, qui, par lui, s’est propagée en s’étendant jusqu’à Babel, et qui, après la confusion, est restée la langue de ce peuple qui allait être choisi dans la personne d’Abraham, comme dépositaire de hautes promesses et de sublimes destinées.

Les langues s’apprennent par imitation. Une expérience de tous les jours met suffisamment en relief cette vérité :