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Caudière, la Trinité, l’Evêché, le Séminaire, la Chartreuse de Saïx, regorgeaient de prisonniers, la comédie bourgeoise faisait ses représentations tous les dimanches, et il y avait foule. Jusqu’en 1799, la salle de la rue des Boursiers, ne reçut pas de troupes organisées. En 1800, le spectacle avait lieu le mardi, le jeudi et le dimanche. On jouait l’Honnête criminel, l’Habitant de la Guadeloupe, la Brouette du Vinaigrier, le Déserteur ; et un grand nombre d’opéras, le Calife de Bagdad, les deux Savoyards, Lodoïska.

Il y eut un moment d’interruption en 1805. De 1806 à 1810, le mélodrame et le vaudeville régnèrent en souverains. Bientôt, le théâtre fut abandonné. En 1822, Galland ranime un peu la faveur publique. Le feuilleton dramatique parait, et l’ouvrage et les auteurs sont soumis à la critique de la feuille d’annonces judiciaires.

Cette ardeur tombe bientôt. Closel, Mlle Georges, Perlet, Ligier, luttent contre l’indifférence générale : mais ces succès sont passagers ; et le théâtre semble bien définitivement mort dans notre ville.

Une salle de spectacle plus belle, plus spacieuse, plus commode, ranimerait-elle le goût de ces représentations tant recherchées, et suivies autrefois avec un si grand enthousiasme ? C’est peu probable, car il semble qu’aujourd’hui toutes les causes diverses qui ont nui auparavant au développement de l’art dramatique parmi nous, soient réunies et se prêtent un appui mutuel. La rapidité des communications, la facilité que l’on a d’entendre les talents de premier ordre, les efforts que demandent aux acteurs et aux décorateurs les pièces les plus simples, les grands spectacles qu’exige le goût blasé du public, la nature du répertoire actuel et ses tendances immorales, tout cela semble condamner pour toujours le théâtre, non pas seulement à Castres, mais dans toutes les villes du même ordre.