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élevé dans le péristyle de l’hôtel. Il était adossé à la porte de la terrasse, et l’on y parvenait par le salon de droite. Là fut représenté le Barbier de Séville. Les rôles étaient tenus par les habitués de Frascaty, et M. de Labarthe jouait Figaro. Il eut du succès, et sa satisfaction de lui-même fut si grande, qu’il se fit peindre sous ce costume.

Le joueur, de Regnard, vint ensuite. La partie de la noblesse qui se prêtait à ces représentations — car un bon nombre de familles s’abstenaient, pour des motifs religieux, d’y prendre part, — semblait se douter bien peu de la portée de ces ouvrages, et de l’influence qu’ils exerçaient partout contre elle, et contre les institutions émanées de l’esprit monarchique.

En 1786, M. Alexandre Nairac traita avec une troupe de comédiens pour la construction d’une salle dans la rue des Boursiers, non loin du quartier habité alors par les principales familles de la ville. Les amateurs y formaient l’orchestre, et l’on y jouait l’opéra-comique, la Fausse magie, le Tableau parlant, le comte Albert, etc.

Ce théâtre avait un caractère aristocratique. La bourgeoisie voulut avoir le sien. Elle l’établit sur l’esplanade du mail, à l’endroit occupé aujourd’hui par la fabrique de pompes. La salle était un carré long, au rez-de-chaussée, avec des rangs de chaises. La scène, de niveau avec le reste de la salle était seule éclairée. On y jouait des vaudevilles et de petits opéras.

Les protestants, à qui Louis XVI venait de rendre l’état civil et la liberté du culte, se réunissaient dans cette salle pour leurs exercices religieux. La chaire du ministre était au fond de la scène.

Cette salle fut bientôt abandonnée par les comédiens qui allèrent s’établir à l’auberge des Trois Rois, à l’extrémité de la rue qui porte aujourd’hui ce nom. Il n’y