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preuve de l’esprit qui l’anime et des modifications qu’elle a subies. Les œuvres dramatiques s’adressent à tout le monde : si elles ne répondent pas au besoin actuel des esprits et des cœurs, elles sont regardées avec indifférence, ou rejetées avec mépris. De même, le théâtre est un terrain où chacun a sa place ; et s’il ne convient pas aux sentiments religieux d’une population, à son degré de culture intellectuelle, à ses habitudes, d’aller la réclamer, le théâtre reste vide, et l’œuvre dramatique va chercher ailleurs des auditeurs et des applaudissements.

Cette loi est générale, et des exceptions sont impuissantes à l’infirmer. Voilà pourquoi il peut y avoir intérêt et profit à l’étudier dans ses applications.

Le théâtre est véritablement mort à Castres, car on ne peut pas considérer comme une vie réelle, la présence pendant quelques semaines, d’une troupe qui vient tous les ans, plutôt accomplir une obligation de son cahier des charges, que chercher sympathie et profit. Mais si l’art dramatique ne trouve pas en ce moment d’écho au sein de notre population, n’a-t-il pas été un temps où il lui était cher, où il la passionnait ?

Avant 1780, il n’y a pas à Castres de tendance vers le théâtre, ni le moindre goût pour ses représentations.

Les vieilles bibliothèques renfermaient Corneille, Voltaire et Racine. Les comédies ou les tragédies de Regnard, de Destouches, de Voltaire, n’y avaient accès que sous la forme de brochures détachées, rapportées par les fabricants au retour des foires, surtout de celle de Bordeaux, dont le théâtre avait une grande réputation.

En 1784, M. de Labarthe, maréchal de camp des armées du roi, réunissait dans son hôtel de Frascaty, l’élite de la population de Castres. Il donnait des fêtes, et ne tarda pas à organiser la comédie. Le théâtre avait été