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poésie, les mathématiques, l’astronomie ; il était tout entier à la philosophie depuis trois ans, lorsque Descartes publia les principes de la sienne. Il l’adopta avec enthousiasme, pour la rejeter ensuite avec mépris, et l’attaquer avec acharnement. L’étude ne l’éloignait pas du monde : il s’occupait avec un soin minutieux de sa toilette, apprenait la danse, l’escrime, l’équitation, et plus tard, évêque, il n’était pas indifférent aux grâces de sa personne. Il aimait la gloire, recherchait le commerce des hommes distingués, multipliait ses correspondances, et ne négligeait rien de ce qui pouvait être un aliment pour ses études, ou un moyen d’illustration pour son nom. Il fut de l’académie française, propagea les réunions scientifiques et littéraires, fonda une académie à Caen dans l’intérêt des sciences, et assista à toutes les réunions où l’on s’occupait de lettres et de philosophie.

Il cultivait les sciences exactes, naturelles et physiques. Il imagina un hygromètre, un instrument de gnomonique et un anémomètre. En même temps, il ajoutait une grande importance à une ballade ou à un sonnet dont il était l’auteur. Aussi était-il de l’hôtel Rambouillet. Il composa un grand nombre d’ouvrages qui peuvent être rangés en trois catégories : 1° érudition sacrée et profane ; 2° philosophie et religion ; 3° littérature française et latine, prose et vers. L’érudition y occupe toujours la première place, et le paradoxe n’y est pas épargné.

Huet avait un esprit vif et pénétrant : il connaissait toutes les subtilités de la dialectique et s’en servait avec habileté. Il était affirmatif, et souffrait peu la contradiction. Les procès ont été nombreux et tiennent une grande place dans sa vie. Il recherchait l’éloge, et ses mémoires, dans lesquels il raconte les circonstances les plus légères, n’intéressent que sa personnalité. Il était en correspondance suivie avec des ministres protestants et ne laissait jamais échapper une occasion de procla-