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Elle les emprunte presque tous à l’ancien testament. Sur les 600 plus riches chefs de famille dans Castres en 1618, on trouve 120 prénoms spécialement bibliques, et 479 appartenant au calendrier romain. Parmi les premiers, Isaac et David paraissent 22 fois, Daniel 15, Abel 10, Samuel 8. Les prénoms catholiques sont les mêmes qu’en 1530. On y trouve seulement un plus grand nombre de Louis, de François, de Charles. Le prénom de Henri se répand, sans exception de croyance religieuse : dernière et touchante consécration de la reconnaissance publique pour le roi, dont le peuple aimait la mémoire !

La Réforme, vaincue par Richelieu comme politique au siége de la Rochelle, est consacrée par ce grand ministre, dans le traité d’Alais, comme liberté de conscience. Unité dans le gouvernement et la langue, diversité et multiplicité dans les relations locales, les mœurs privées, tel fut le but de sa politique intérieure, si prévoyante et si ferme : tel fut le résultat auquel arriva sa persévérance.

Il en résulta, pour la province, plus de fixité dans les institutions. C’est sous son influence que s’établit la tenue régulière des registres de Baptême. Ceux de Castres commencent en 1644. Dans l’espace de 24 ans, on y trouve 62 Antoine ou Antoinette ; 30 Barthélémy ; 50 Catherine ; 15 Étienne ; 70 François ou Françoise ; 22 Guillaume ; 214 Jean ou Jeanne ; 25 Louis ; 152 Marie ; 60 Pierre. Ainsi, l’influence des protestants sur les prénoms, avait été nulle parmi les catholiques qui restèrent, même sous ce rapport, fermement attachés aux traditions de l’église. Les protestants eux-mêmes, renoncèrent peu à peu à leurs désignations spéciales, et dans le registre tenu par le consistoire, de 1744 à 1772, parmi les 22 prénoms employés, 16 appartiennent au calendrier romain ; et ceux de David et de Daniel ne se présentent qu’une seule fois.