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à ne pas sortir d’une certaine sphère, et à ne pas pénétrer plus profondément l’œuvre de Dieu.

Mais est-ce que la médecine est, sous ce rapport, dans un état d’infériorité relativement à d’autres sciences ? Elle trouve, sans doute, des difficultés qui tiennent à la nature du corps humain, et à l’influence que l’âme exerce sur lui ; elle voit à chaque instant des circonstances extérieures modifier ce qu’elle a cru assuré et définitif ; et pourtant, forte de son expérience, plus forte encore par le désir qu’elle a de réparer le mal, de rétablir l’équilibre, de redonner à chaque chose sa place et son action, d’exercer sur la nature humaine un ministère de constante bienfaisance, elle est digne des respects et de la reconnaissance de tous.

Ainsi, elle ne peut pas aspirer à une certitude plus grande que celle de la plupart des sciences qui exercent la sagacité puissante de l’esprit humain. Elle ne peut pas dire qu’elle ne se trompe pas, parce que l’erreur est le propre de l’humanité ; mais elle peut affirmer que, dans certains cas, son action est sûre, parce que ses principes sont fortement assis, consacrés par une longue expérience, et vivifiés par cet intérêt sacré que l’homme souffrant inspire toujours à son semblable. Elle est obligée d’avouer l’impuissance de ses efforts, lorsque, par une loi supérieure, le terme d’une existence est marqué, car l’homme n’est qu’un être d’un jour ; mais elle a bien souvent la consolation de retenir la vie qui s’en va, et de ne s’arrêter que là où est forcément marquée la limite extrême de la lutte entre l’homme et la mort dont il a horreur.

Il est donc évident que les reproches faits à la médecine par l’ignorance n’ont ni base, ni raison d’être. La vérité, sous ce rapport comme sous beaucoup d’autres, est dans l’éloignement de tout excès. La médecine est