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M. A. COMBES lit une note sur des productions en langue vulgaire publiées, depuis quelque temps, par le journal l’Aigle du Tarn. Ces œuvres n’appartiennent pas directement à la Société littéraire et scientifique. Peut-on dire qu’elles soient étrangères à son impulsion et à son influence ?

Les études publiées par la Société, sur la valeur relative ou absolue de la langue d’oc, ont porté leur fruit. Elles ont rappelé l’attention sur un idiome trop négligé : elles ont déterminé certaines tentatives qui probablement n’auront pas été faites en vain ; car ce qu’elles ont produit, pour l’agrément particulier, ne tardera pas à devenir un moyen d’action sur le pays.

Deux de ces versificateurs se recommandent déjà d’une manière particulière à l’attention : l’un est M. Alibert, membre correspondant de la Société ; l’autre M. Roux, du Carla. Jusqu’à présent, ce qu’ils ont livré au public dans cette joute poétique qui attirait à si bon droit un intérêt sympathique, n’a ni un grand développement, ni une haute importance par les sujets. Il semble qu’ils aient voulu avant tout s’assurer des ressources de la langue et essayer sa souplesse, en lui faisant prendre des tons différents, et en la pliant à des sujets divers. Ils ont voulu être versificateurs faciles, élégants, corrects, originaux ; ils semblent n’avoir pas aspiré à être poêtes, ce qui ne veut pas dire qu’ils n’aient pas souvent dépassé leur but. Ils connaissent l’idiome patois ; ils ont évité avec un soin particulier ces emprunts à la langue française, qui constituent un mélange sans caractère et sans beauté. Ils ont heureusement employé les tournures naturelles de la langue patoise, ses mots les plus usités, ses images propres, en un mot, ce qui constitue son génie.

S’il fallait établir une différence entre eux, on trouverait chez M. Alibert plus de poésie dans le mot ; chez M. Roux plus d’originalité dans la pensée. Le pre-