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M. R. DUCROS donne lecture d’un parchemin trouvé dans les archives de Boissezon.

Cette pièce renferme l’ordre donné par Noel seigneur de Lacrouzette, gouverneur, au nom du maréchal de Dampville, des diocèses de Castres, Alby et Lavaur, d’établir une garnison de trente-cinq hommes à Boissezon. Cette garnison devait s’opposer aux incursions de ceux de la nouvelle opinion religieuse, qui, de la montagne arrivaient jusques à Castres.

Cette pièce fait connaître le paiement attribué à chacun de ceux qui composaient la garnison. Le commandant a quarante-cinq livres par mois, le sergent quinze livres, deux caporaux onze livres dix sous chacun : enfin il est attribué à chacun des trente-un soldats, sept livres dix sous. Les formalités à remplir pour la délivrance et l’emploi de la somme totale de 315 livres par mois, sont nombreuses. Le trésorier est tenu à des précautions minutieuses, qui semblent bien peu d’accord avec l’agitation et le désordre de cette époque.

La garnison doit être sur pied pendant tout le temps de la guerre, et recevoir les ordres supérieurs du maréchal, du seigneur de Forgnevals, et du seigneur de Lacrouzette.

Le nom du seigneur de Forgnevals, qui aurait exercé, d’après cette pièce, un pouvoir analogue à celui de Noel de Lacrouzette, ne paraît pas dans l’histoire du pays. Il y aurait quelque intérêt à le rechercher et à le faire connaître. Celui de Forquevaux se trouve mentionné dans le récit d’un certain nombre d’engagements, et de combats : il avait un pouvoir pareil. Ces noms différents ne désigneraient-ils pas le même chef ?

Quant au seigneur de Lacrouzette, son rôle a été important, et l’on peut en rappeler les principaux traits, sans avoir à craindre de trouver quelque excès, ou d’avoir à gémir de quelques violences. Noel de Lacrouzette passait pour un homme de guerre et un profond politique. Il réunissait des qualités souvent opposées et peu compatibles, surtout en des temps où les meilleurs esprits ont de la peine à rester