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n’empêche pas qu’elle se produise à chaque instant, comme une nouveauté, parce qu’elle semble donner une satisfaction momentanée à la vanité toujours irritable de certains hommes, et à l’ignorance invincible de quelques autres.

Dans toute science, il y aura toujours des mystères impénétrables ; dans tout art, il y aura toujours des probabilités et des conjectures. Est-ce une raison pour douter de leurs résultats et de leur importance ? Si l’on veut dire que la médecine est immense dans son objet, que ses principes sont compliqués, difficiles dans leur expression complète, plus difficiles encore dans leur application ; qu’ils demandent une méditation profonde, et qu’ils ont toujours quelques points qui ne satisfont pas entièrement l’esprit, on a raison. Les principes tiennent à la nature même de l’homme ; et l’homme est pour lui-même un problème qui sollicite constamment une solution, et qui semble reculer à mesure que l’on avance. D’ailleurs, les faits sont complexes, changeants, irréguliers, contingents ; et ils trompent toute prévision. Les mêmes causes ne donnent pas lieu aux mêmes phénomènes : les phénomènes ne paraissent pas toujours en rapport avec les mêmes causes. En effet, une même cause agissant sur deux individus, ils sont frappés l’un et l’autre de maladies différentes. L’observation pouvait jusqu’à un certain point le soupçonner, pouvait-elle le prévoir avec certitude ?

Cependant, la médecine a des principes : seulement, ils ne sont jamais déterminés par l’évidence, et, comme le dit Zimmermann, c’est au génie seul du médecin qu’il appartient d’en apprécier le plus haut degré de probabilité. Aussi, peut-on affirmer que les propositions sur lesquelles on s’appuie généralement, pour les reproches, que l’on veut adresser à la médecine ; sont complètement fausses, ou qu’elles sont également applicables à toutes les autres sciences.