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ciable, toujours également réel, mais qui finit par se dégager, et se révéler inévitablement, sous les faits même qui semblent le nier.

La destinée de l’homme et celle de l’humanité ne sont pas modifiées ; elles restent les mêmes, car ce qui tient à la nature d’un être ou d’une agrégation d’êtres, ne peut subir de changement radical, qu’en laissant altérer leur essence. Avant, comme après le christianisme, la mission de l’homme et de l’humanité a été intimement unie à leur constitution physique, intellectuelle et morale. Seulement, comme les moyens ont subi des modifications radicales, les effets ont dû en porter l’empreinte, et en recevoir un caractère nouveau.

Les questions littéraires ont une connexion étroite avec l’état social d’un peuple. Elles servent à jeter un jour plus éclatant sur les faits qui risqueraient de se perdre dans la confusion, ou de s’égarer hors de leur sphère, sans explication comme sans but. Les créations et les préoccupations littéraires, sont l’image vivante d’un peuple. Il est donc certain que si les moyens d’action ne sont pas les mêmes chez les peuples anciens et chez les peuples modernes, si les conditions essentielles de l’existence sociale ou de la vie individuelle sont changées, la littérature portera la trace de cette différence, et signalera, d’une manière éclatante, ce qui tient à chaque époque, et lui donne sa physionomie propre.

Il nous a semblé que les peuples modernes, supérieurs en tout aux peuples anciens, non pas par les créations de leur génie dans les arts, mais par l’ensemble de leur constitution, devaient constater cette supériorité de quelque manière, et la retrouver, en la manifestant par quelque privilége. Ce privilége, nous avons cru le trouver dans cette preuve de vie intellectuelle, active et perfectionnée, que l’on appelle littérature. C’est par là que nous avons été amené à essayer de prouver qu’il pouvait y avoir hors du