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le nerf de l’exécution. Le réalisme lui a fourni des types d’une vérité saisissante. Cette œuvre est un événement dans l’histoire de l’art. C’est dire ce qu’elle vaut et signaler l’admiration qu’elle provoque.

M. Bida a exposé encore une composition que la gravure a déjà reproduite : c’est le Chant du calvaire. Elle témoigne des mêmes qualités : la finesse du détail s’y allie au moelleux de la touche ; le dessin est d’une correction, d’une pureté irréprochable, et l’ensemble ne perd rien à ce soin qui descend aux plus petites choses.

M. Tournier, de Paris, a exposé plusieurs tableaux. Le principal, qui est le plus grand de l’exposition, représente le martyre des trois sœurs, Ste-Agape, Ste-Irène et Ste-Chionie. Avec des qualités éminentes, M. Tournier n’a pas su éviter certains défauts : mais il comprend la peinture religieuse, et l’on sait les ressources qu’elle offre au talent : on sait les chefs-d’œuvre dont elle peut fournir le sujet. Un portrait du général Laterrade, par M. Tournier est digne d’attention.

Le martyre de St-Vincent, par M. Larivière, de Paris, est sérieusement étudié. La composition est bonne, la couleur brillante, le dessin savant. Il y a trop peu de mouvement.

Le supplice d’Ugolin a été représenté par M. Gilbert, de Bordeaux. Ce sujet, si souvent traité, lui a fourni d’heureuses inspirations. On ne reste pas froid en présence d’un pareil spectacle dont les yeux saisissent toute l’horreur, et dont l’imagination augmente encore les angoisses.

M. Antigna, de Paris, a exposé La halte forcée. Un âne, pauvre serviteur d’une misérable famille s’abat sur le verglas, dans un sentier tortueux. Le désespoir est peint sur les traits de ceux qui le conduisaient : seule une jeune femme flétrie par les souffrances, prodigue à son enfant