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Messie sa sanction et son couronnement. Si en dehors de ses livres religieux, il a une littérature, il est facile de se faire une idée des conditions favorables qu’il trouvait dans son organisation domestique, sa constitution sociale, ses dogmes, sa morale et son culte.

Les livres saints et les histoires profanes nous font connaître l’existence d’un grand nombre de peuples. Nous savons quelle a été leur formation, lente ou rapide, quels ont été leurs succès, quelles défaites ils ont subies, qu’elles phases se sont produites dans la durée de leur vie. Nous connaissons les territoires qu’ils ont conquis et ceux qu’ils ont perdus ; nous pouvons nommer les nations qu’ils ont absorbées et celles qui se sont partagé leur héritage. Nous suivons leurs actes dans la politique et dans la guerre, nous sommes initiés à leurs mœurs, et nous pouvons pénétrer jusqu’au foyer domestique pour y retrouver cette première organisation et cette image toujours vivante de la Société. Leur religion nous apparaît dans son immense variété d’erreurs et d’inconséquences ; nous pouvons suivre les traces de l’influence qu’elle a exercée sur leurs destinées, car nous savons que toute cause a ses effets ; nous remontons du fait produit au principe qui l’engendre, et il ne nous est pas possible de méconnaître l’action puissante réservée partout à la foi qui domine les âmes, et au besoin de la prière qui les courbe pour les relever, et les subjugue, pour leur donner, par l’innocence ou le repentir, une énergie nouvelle.

Mais lorsque nous voulons savoir comment s’est traduite leur vie intellectuelle, comment se sont manifestées leurs aspirations morales, nous sommes obligés de reconnaître notre ignorance, de signaler une lacune regrettable dans les données de l’histoire ou les investigations de la science, et nous devons avouer que, malgré tout, nous avons sous les yeux un corps, mais que l’âme s’est envolée.