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Mais cette variété, si elle ne se rattachait pas à une idée générale serait un danger. Elle rendrait impossible toute direction, et laisserait dominer une vague et indécise aspiration qui serait inévitablement stérile. L’organisation nouvelle, en divisant le comité en trois sections spéciales, en fixant des prix annuels pour les meilleures productions des Sociétés savantes, sur des questions proposées sous l’approbation du ministre, en assurant l’attention à tous les travaux qui ont un caractère d’utilité incontestable, devient un encouragement efficace pour les Sociétés savantes, et dirige leur activité vers des études fécondes.

Un sentiment trop répandu pour n’être pas naturel, nous porte à dédaigner le milieu où nous vivons, pour aller chercher ailleurs des motifs d’intérêt et des objets d’attention. C’est que nous avons toujours besoin de nouveauté, et que ce qui frappe habituellement nos regards nous paraît peu digne d’être étudié. Aussi, connait-on moins ordinairement, l’histoire de la ville que l’on habite, les ressources actuelles dont elle dispose, à tous les points de vue, que ce qui regarde d’autres cités. Et pourtant, c’est par ceux-là seulement qui vivent d’une manière constante dans un même lieu, que les traditions peuvent être recueillies, les monuments décrits, les titres découverts, les témoignages historiques conservés et mis en lumière.

Voilà le rôle important des Sociétés savantes, voilà le travail d’où résulteront, pour elles, de fécondes découvertes et d’utiles enseignements. C’est ce que leur demandera le comité historique ; c’est ce qu’elles tiendront à honneur de faire, jalouses, tout en conservant la variété de leurs travaux, et en respectant la diversité des aptitudes, de concourir à cette œuvre d’ensemble, d’où doit sortir pour la France, une plus ample et plus profonde connaissance d’elle-même, de ses institutions, de ses monument, de ses hommes, c’est-à-dire de sa grandeur et de sa gloire.