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thie à l’œuvre de M. Roumanille ? Pour les lettrés c’est le réveil d’une langue qui a eu de brillantes et douloureuses destinées, qui a enchanté l’Europe, qui a inspiré Dante et Pétrarque, qui a suscité presque toutes les poésies nationales ; c’est le réveil de cette langue purgée désormais d’un mauvais alliage et rendue à sa dignité première. Pour ceux qui songent surtout à l’amélioration des classes pauvres et au redressement des esprits égarés, c’est un instrument de plus employé déjà par des mains loyales, au défrichement de nos landes. Cette poésie populaire ne propagera que des leçons utiles ou des consolations aimables. »

M. Marignac demande que le titre de membre correspondant de la Société soit conféré à M. Roumanille.

Il sera statué sur cette proposition, après le rapport de MM. A. Combes et Bru, sur le recueil intitulé : Li Prouvençalo.


M. A. COMBES lit une note paléographique sur la Bible manuscrite, signalée dans la séance précédente par M. V. Canet.

Ce manuscrit remarquable sous beaucoup de rapports, est formé de peaux en parchemin, écrites des deux côtés et réunies en cahiers quatre par quatre. Elles n’ont rien perdu de leur blancheur et de leur finesse primitive. L’écriture est gothique, de la même main, d’un bout à l’autre des deux volumes. Elle est un peu haute, encadrée en deux colonnes, dans de grandes marges. Ce manuscrit a conservé toutes ses feuilles. L’encre rouge et noire n’a rien perdu de la vivacité de sa couleur : les enluminures diverses du commencement des livres et les ornements des lettres qui forment la tête des chapitres, ont conservé toute leur fraîcheur.

Ce manuscrit doit remonter au temps de la découverte de l’imprimerie. C’est ce que démontre M. Combes après avoir rappelé quelques règles historiques.