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circonstances, par leurs indications ou leurs exigences, justifient, ou rendent nécessaires ?

Si les efforts les plus puissants de l’esprit ne suffisent pas pour prévoir toutes les conséquences d’un principe, pourquoi nous permettraient-ils de formuler un système auquel viendraient aboutir nécessairement les préoccupations, et dans lequel rentreraient fidèlement les productions de l’intelligence, ou les créations autrement capricieuses de l’imagination ? Le moyen le plus sûr de conserver à l’homme sa force, c’est de lui laisser l’initiative, et de ne pas lui imposer d’autre guide que ses préférences. Les esprits médiocres se plient volontiers aux commandes : ils se prêtent sans efforts à toutes les exigences d’une volonté qui a ou qui s’attribue le droit de les diriger souverainement. Les esprits qui ont conscience, si non de leur force, au moins de leur dignité, et des résultats qu’ils peuvent attendre d’une bonne volonté soutenue, s’indignent contre cette contrainte, et la repoussent comme une tyrannie odieuse.

Rien de pareil, Messieurs, dans les sociétés comme la nôtre. Aucune prétention de ce genre n’a jamais été émise devant vous. Elle aurait suffi pour compromettre ce que nous étions en droit d’attendre de l’empressement avec lequel nous nous sommes réunis, et de l’indépendance raisonnable, avec laquelle chacun était disposé à porter devant ses confrères, le résultat de ses recherches et le fruit de ses travaux.

Un programme étroit et absolu ne peut pas être plus formulé à l’avenir qu’il ne l’a été dans le passé. Est-ce pourtant, une raison pour que nous ne donnions pas une direction à nos études, et que nous abandonnions au hasard le soin de présider à ces communications qui sont la vie d’une société ? Non, Messieurs : nous avons eu un but en nous réunissant : il ne nous est pas permis, dans l’intérêt de notre prospérité présente, et de nos espérances pour l’avenir, de le perdre un moment de vue.