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Lorsque nous nous sommes réunis pour mettre en commun nos efforts, et nous prêter cet appui mutuel qui donne à l’esprit tant d’assurance, et au cœur un élan si fécond, nous avons compris que le temps serait notre maître, et que, par lui seul, il nous serait possible de traduire en réalité des espérances trop séduisantes pour n’être pas incertaines. Aussi, nous sommes-nous contentés de ce que chaque jour apportait avec lui. Nous n’avons voulu ni devancer, ni presser cette marche lente et sûre, qui permet d’affermir les résultats obtenus, et de ne pas compromettre, par une inintelligente précipitation, les fruits nouveaux qu’ils contiennent en germe. Des esprits impatients qui prennent l’emportement pour la force, et la multitude des tentatives pour la fécondité, n’auraient pas manqué d’accuser cette trop grande prudence, et de la combattre comme un aveu d’impuissance ou de faiblesse. Il ne s’en est pas trouvé parmi nous. Nous n’avions pas le droit d’aspirer trop haut ; mais nous n’avons voulu perdre aucun de nos avantages. Si la trop grande confiance est une faute, parce qu’elle nous donne des aspirations qui sont hors de toute proportion avec nos forces, un abandon de nous-mêmes n’est pas moins condamnable, parce qu’il rend inutiles toutes les ressources de l’âme, en paralysant sa première et plus irrésistible puissance : la volonté.

C’est Messieurs, ce qui a été compris parmi nous. Voilà l’explication de ce mouvement précautionné qui nous a amenés de l’incertitude et des vagues aspirations du début, à la fin d’une année dont on vient de vous résumer les travaux et les actes.

Nous, n’avons pas eu de programme tracé à l’avance. Un programme est toujours un danger. Rarement on peut tenir toutes les promesses qu’il renferme, ou réaliser toutes les espérances qu’il fait naître. Pourquoi d’ailleurs s’enfermer dans un cadre qui ne laisse, rien à l’initiative, et qui risque de paralyser toutes les tentatives que les