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tous les jours entre les vainqueurs et les vaincus, forma la langue que nous désignons sous le nom de patois. Cette langue se présente avec les mêmes caractères généraux dans toutes les localités : elle prend certaines formes, dans les agglomérations un peu importantes qui groupent autour d’elles des intérêts. C’est ainsi qu’un idiôme accepté par tout le Midi, se subdivise en un grand nombre des dialectes, dont chacun porte une empreinte dans laquelle se peignent les tendances et les mœurs des habitants.

L’étude de M. Combes en portant, pour quelques points, sur l’ensemble de la langue méridionale, que devait dominer plus tard la langue du nord devenue le français, s’arrête d’une manière spéciale sur les modifications qu’elle a subies à Castres ou dans les environs.

La langue, expression de la pensée à l’aide des mots, est soumise à des transformations déterminées par les circonstances, les besoins des populations, leurs sentiments plus ou moins développés, leurs découvertes successives. La langue est donc toujours parallèle aux idées. Elle porte inévitablement l’empreinte des événements historiques assez importants pour agir sur l’esprit d’un peuple, ou changer les conditions de son existence politique et sociale.

Castres est d’abord seulement une abbaye (647) : on y parle latin. Les anciens habitants du pays se servaient de la langue celtique ou gauloise. Le serment de Louis-le-Germanique (14 février 842) ne diffère en rien des principaux éléments de la langue patoise actuelle du Midi. En 886, les poètes lui empruntent ses termes vifs et pressés, ses figures et son harmonie : on s’en sert bientôt dans les actes publics. Les dialectes sont nombreux, et l’influence étrangère s’y fait sentir de manière à y jeter d’abord une confusion d’où elle se dégage peu à peu, pour arriver à l’unité.