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Si, au contraire, elles sont le produit d’un enthousiasme irréfléchi, d’un calcul étroit, d’une ambition égoïste ; si un homme, un parti a voulu se servir d’elles comme d’un instrument, elles sont radicalement condamnées par leur origine. Leur mort ou leur transformation peut être annoncée avec certitude, au moment même où la vie est en elles dans toute sa splendeur, et où des succès éclatants semblent leur assurer les plus longues perspectives et les plus séduisantes espérances d’avenir. Elles peuvent sans doute disposer de puissants moyens d’action ; mais ces moyens sont sans contre-poids, et, en entraînant tout d’un même côté, ils détruisent cette juste dispensation de forces qui est le principe, comme la garantie de la conservation et du progrès.

Que faut-il donc pour que, dans les prévisions humaines, une réunion d’hommes dévoués à l’étude, trouve en elle-même sa force, et résiste avec succès aux difficultés qui l’assiégent ? Que faut-il pour que son influence s’établisse, qu’elle s’étende, soit reconnue légitime et devienne féconde pour le bien ?

Il faut que son principe soit assez large pour qu’elle donne satisfaction à toutes les exigences du présent, et qu’elle puisse se plier, sans rien perdre de son caractère à toutes les variations que subit la société au milieu de laquelle elle se produit. Une pareille constitution n’est pas facile à formuler : elle demande d’ailleurs de la part des hommes qu’elle régit, une bonne volonté à toute épreuve, une intelligence parfaite de la situation sociale, un esprit de conduite bien difficile à maintenir dans les limites de la vérité, aussi bien au milieu des révolutions littéraires qu’au sein des agitations politiques.

Les réunions accidentelles et temporaires ont pourtant leur importance et leurs effets. Elles préparent les grandes institutions qui font la gloire d’un peuple, et contribuent à entretenir en lui le goût et le sentiment des œuvres de l’esprit. C’est ce qui est arrivé en France. Avant que Richelieu conçût le projet de transformer