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pour vivre de son propre fond, et demander à une mine abondante, mais trop peu explorée encore, des produits splendidement solides de leur nature, et qu’un art savant aurait su rendre dignes de l’attention des plus délicats, et de l’approbation des plus difficiles.

Aussi, cette nouvelle traduction d’Horace a-t-elle obtenu, dès son apparition, ces suffrages qui honorent, et ces témoignages que l’indépendance de l’esprit qui les porte rend si précieux. Sans entrer dans une étude détaillée de ces œuvres différentes de caractère et de ton, de fond et de forme, où le penseur coudoie l’épicurien pratique, où le citoyen retrouve en songeant au passé, des accents que le présent n’inspirait plus, où l’homme se révèle avec ces sentiments qui créent au moins l’estime, quand ils ne vont pas jusqu’à l’amitié, on peut dire qu’Horace a toujours été compris, et qu’il est souvent rendu avec un bonheur d’expression remarquable.

Évidemment, il y a dans ces quatre livres, des beautés éclatantes, de ravissantes images, des mouvements passionnés, de vives descriptions, de charmantes rêveries, de vigoureux tableaux, un style toujours pur, facile, souvent imagé, nourri de ces mille secrets, que révèle seul le commerce assidu des maîtres dans l’art d’écrire. Le rythme est d’une variété intelligente, d’une souplesse qui trahit une riche nature cultivée par l’art et arrivée au sentiment le plus profond des ressources et des effets de l’harmonie.

M. de Nattes a tout traduit dans Horace. Nous le regrettons. Il y a des peintures que la poésie païenne pouvait se permettre, et que la langue latine n’avait pas de pudeur à reproduire, mais contre lesquelles protestent avec indignation une âme habituée à de plus nobles images et une langue interprète d’idées morales plus en harmonie avec l’élévation et la vérité de nos croyances. M. de Nattes a écrit, sans doute, comme il le dit, pour les admirateurs quand même d’Horace ; mais cette nature honnête, délicate, amie