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est difficile de ne pas se contredire soi-même, quand on est hors de la vérité, Bayle fait cette réflexion, en jugeant le philosophe tant loué par Sabatier : « Il est arrivé à Spinoza ce qui est inévitable à ceux qui font des systèmes d’impiété ; ils se couvrent contre certaines objections, mais ils s’exposent à d’autres difficultés plus embarrassantes. » (Dictionnaire critique, tome III, page 1083.)

L’attention de l’abbé Sabatier se concentre sur les propositions de Spinoza relatives à l’existence et à la nature de Dieu.

Il cherche, avant tout, à venger l’objet de son admiration, du reproche d’athéisme : il est amené alors à formuler des propositions d’où ressort évidemment le panthéisme le plus complet. Il ne discute pas, il énonce ; et, heureux d’avoir répondu à ce qu’il considère comme la seule accusation intentée contre Spinoza, il conclut que le juif hollandais est au-dessus de tous les reproches que l’ignorance et la mauvaise foi ont accumulés contre lui.

Ce livre est médiocre pour le fond, plus médiocre encore pour la forme. Sabatier paraît bien peu familier avec les questions philosophiques. Il les aborde sans principe arrêté, il les suit sans méthode, il conclut sans discussion. Son Apologie de Spinoza méritait pourtant d’être signalée. Sa lutte longue et éclatante avec Voltaire avait entouré son nom d’une certaine célébrité. Il était rangé au nombre des défenseurs de l’ordre religieux, moral et social, qu’une philosophie de négation attaquait de tous côtés et par tous les moyens. Comment est-il devenu un des premiers défenseurs d’un système qui allait avoir en France tant d’adeptes ? Comment a-t-il, un moment, en 1810, justifié le reproche d’inconséquente légèreté si souvent formulé contre lui par ses adversaires du xviiie siècle ? C’est ce qu’il importe de rechercher.

Sabatier, — car il convient de lui enlever une qualification qui n’est pas juste, puisqu’il n’entra pas dans les ordres, et ne