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M. V. Canet termine sa note en exprimant le désir que cette pierre soit recueillie. Ce serait pour la Société un premier acte qui deviendrait un engagement, et lui vaudrait peut-être plus tard, d’utiles et précieuses collections.

La Société accueille ce vœu et confie à M. Serville le soin de prendre toutes les mesures nécessaires pour arriver à sa réalisation.


M. V. Canet lit ensuite un mémoire sur un livre de l’abbé Sabatier intitulé : Apologie de Spinoza et du Spinozisme.

Ce livre a été écrit en Allemagne, et publié à Paris en 1810. Il est moins connu que les autres ouvrages de l’abbé Sabatier, auxquels il donne sous le rapport de la doctrine philosophique un démenti complet.

Ce n’était pas la première inconséquence de l’adversaire passionné de Voltaire. Déjà, en 1779, l’amitié reconnaissante lui avait inspiré une ardente apologie de ce livre de l’Esprit que, dans sa vieillesse, Helvétius se reprochait comme une mauvaise action, et dans lequel il professe le matérialisme le plus abject et le plus décourageant. En 1804, dans le Véritable esprit de J.-J. Rousseau, il fait bon marché de la vérité philosophique, pour s’engager à la suite du rêveur de Genève, dans un système plein de contradictions. Il va plus loin : la réforme philosophique ne lui suffit plus, et il ne craint pas de formuler quelques doutes sur la vérité religieuse, dont il donne des interprétations au moins étranges et téméraires, si elles ne sont pas radicalement fausses et coupables.

Est-il étonnant dès lors, qu’il défende Spinoza contre l’accusation d’athéisme, et qu’il se porte garant de sa parfaite orthodoxie ? Est-il étonnant qu’il ne se rende pas compte de la portée de ce système, et qu’il présente comme l’explication la plus formelle et la plus satisfaisante des problèmes philosophiques et des dog-